Nivelles: “Nous devons rester sereins, nous allons retrouver une vie normale”, pour Pierre Huart


05 janvier 2021

Pierre Huart, le bourgmestre de Nivelles, a accepté de nous recevoir pour dresser le bilan de 2020 et tirer les grandes lignes de l’année à venir, avec le début de la campagne de vaccination, les projets de la ville et le retour de certaines festivités au calendrier. "Nous devons retrouver de la sérénité. Nous allons retrouver une vie normale", se réjouit-il. Interview.

Quel bilan peut-on tirer de l’année 2020? 

On a traversé une année difficile, imprévue et douloureuse. Il faut être franc, la Belgique n’était pas prête à faire face à une telle crise. Et donc, au fur et à mesure des jours qui passaient, nous avons dû apprendre de l’expérience de la veille. On a été contraints à porter le masque, on a dû apprendre à prendre des distances les uns par rapport aux autres, ce qui loin d’être une habitude chez le Nivellois. À Nivelles, on aime faire la fête ensemble, se croiser et se réunir lors de diverses activités. 

Comment, en tant que bourgmestre, vit-on le fait de voir sa ville tourner au ralenti? 

C’est quelque chose d’inconnu, car à Nivelles, nous avons la chance d’avoir une vie active assez développée, tant au niveau professionnel - avec le palais de justice ou les commerces - que social: il y a toujours des activités sur la Grand-Place. Or, cette vie est à l’arrêt. On n’a pas du tout l’habitude de voir Nivelles à ce point au ralenti.

En tant qu’autorité, les citoyens ont dû se tourner vers vous. Comment gère-t-on les éventuelles critiques ou plaintes qui ont pu être émises suite aux confinements?

Au cours de mon expérience, j’ai souvent eu à gérer des problèmes, comme des inondations. Ce sont des crises de courtes durées et locales. Ici, dans le cadre de la crise covid, toutes les décisions ont été prises par le niveau fédéral. Or, nous ne sommes jamais, au niveau local, que les exécutants des mesures prises par le fédéral. La responsabilité n’est pas la même. Nous avons dû les mettre en pratique, avec l’aide de la police locale. Pour le reste, il est clair que les gens peuvent s’emballer sur les réseaux sociaux ou par email. Je les comprends tout à fait. Et si on peut servir de bouc-émissaire ou d'éponge pour absorber l’énervement des gens ou leurs angoisses liées à l’arrêt de leur activité, nous sommes là pour ça. Je ne pense pas qu’il y ait une intention méchante dans leur démarche, je comprends que les gens puissent s’énerver. Et puis, il y a une tendance à s'en prendre au politique. J’en fais partie, donc j’assume. 

Si l’on peut dégager un point positif de l’année 2020, c’est la naissance d’un élan de solidarité entre citoyens de la ville.

Tout à fait. On parle souvent de la solidarité des Nivellois. Elle s’est à nouveau révélée dès les premiers jours de la crise, puisque de nombreux bénévoles se sont regroupés pour réaliser des masques en tissu. Le laboratoire informatique de l’Athénée a construit je ne sais combien de visières de protection. Et puis l’horeca, et ça c’est intéressant, s’est regroupé pour liquider ses stocks, sous l’impulsion de Quentin Bonheur. Et il y a encore beaucoup d’autres actions. Cela démontre que les gens sont assez solidaires, quoiqu’en dise. On lit souvent que les gens sont devenus égoïstes, mais on en a vu beaucoup qui, en ces temps de crise, ont montré des sur-qualités. 

La ville a aussi été présente, notamment au travers de la campagne "billets doux"

Oui. Je pars toujours du principe que nous sommes un navire avec 29.000 passagers et on m’a confié, pour le moment, le rôle de capitaine. Il était hors de question de quitter le bateau. Je suis venu tous les jours, même en pleine crise, quand tout était fermé. Nous avons essayé de garder un service minimum pour répondre aux questions et inquiétudes des citoyens. Quant aux billets doux, notre échevin du commerce (Benoît Giroul, ndlr) a accompli un travail colossal et s’est montré créatif en lançant cette action. Mais avant ça, il a distribué tout le matériel de protection aux commerçants encore ouverts. C’est un travail de logistique énorme, on ne s’en rend pas compte. 

Est-ce que ces campagnes soutenues par les finances de la ville ne risquent pas de se répercuter sur le portefeuille du citoyen, au travers de nouvelles taxes communales?

Non. Je voudrais rassurer les citoyens. La gestion des années précédentes nous a permis d’engranger des réserves qui nous sont bien utiles maintenant. Je suis attaché à deux choses, c’est: pas d’augmentation de taxes, quitte à diminuer nos dépenses, et pas de licenciement du personnel communal. Nous avons les moyens de gérer la crise, en tout cas telle que celle que nous connaissons maintenant. Si, évidemment, elle devait se prolonger sur plusieurs mois, voire plusieurs années, il faudra revoir nos projets à la baisse. 

Vous avez dû prendre des mesures compliquées, en annulant toutes les festivités, dont le Tour Sainte-Gertrude. 

Oui, en effet, mais les Nivellois savent se montrer responsables, même si certains contestent la véracité du virus et épousent les thèses complotistes. Nous avons adopté un rôle pédagogique, en expliquant aux gens les raisons de nos décisions. Cela n’a pas été facile. Nous avons pu vivre le carnaval 2020, mais celui de 2021 est d’ores et déjà annulé. Mais plein d’animations comme la grande fête du 21 juillet, le Tour Sainte-Gerturde ont été annulées. Ce n’est pas dans les traditions et, au regard de l’Histoire, ce sont des événements qui ont été très rarement annulés. C’est dire la responsabilité qui pesait sur nos épaules au moment de prendre de telles décisions. 

2021 commence avec une lueur d’espoir. La campagne de vaccination va commencer dans deux maisons de repos de la ville le 8 janvier. 

Nous avons reçu un document du professeur Yvon Englert, responsable de la cellule covid en Région wallonne, qui annonce le début de la vaccination de deux maisons de repos dès ce vendredi 8 janvier. Il s’agit de Nos Tayons, qui est la maison de repos du CPAS, Jean de Nivelles, une maison de repos privée. Nous ignorons encore le nombre de personnes qui seront vaccinées. 

Quels sont les gros chantiers de la ville en 2021?

Avant d’en arriver aux chantiers proprement dits, je pense qu’il est important que notre administration retrouve un rythme de travail normal. Mais nous allons garder certaines pratiques, comme les réunions en visio qui sont un réel gain de temps. Certains dossiers ont été mis entre parenthèses durant 9 mois en 2020 à cause de la crise. Je pense à l’éclairage de la Collégiale et à sa rénovation. C’est un chantier à 2,5 millions d’euros. On aura quelques mois de retard, mais par rapport à la longévité du bâtiment, ce n’est pas très grave. L’autre gros dossier est celui de la nouvelle école sur le site de l’ancienne papeterie Arjo Wiggins (entrée nord de la ville) et celui, auquel j’attache beaucoup d’importance, du nouvel hôpital de Nivelles. Ce dossier ne va pas "sortir du sol" ni en 2021, ni en 2022, mais on y travaille pour que tout le cadre administratif soit déjà rencontré. L’hôpital actuel que nous connaissons va disparaître à terme et nous allons construire un nouvel hôpital au nord de la ville, près des axes autoroutiers. Il devrait être inauguré en 2026 ou 2027. 

Que souhaitez-vous aux Nivellois pour cette année 2021?

De retrouver la sérénité. Même s’il est décrié par certains - ce que je peux comprendre -, le vaccin offre des perspectives. Faisons confiance à la science. Nous allons retrouver une vie normale, c’est un message à faire passer. À ce titre, nous travaillons avec l’Echevin des Fêtes pour préparer un agenda des activités, en tenant compte de la crise sanitaire évidemment. La Braderie de l'Ascension, la Foire agricole et toutes les activités au-delà du mois de mars vont être programmées, au risque de devoir les annuler au dernier moment. Nous souhaitons renforcer la communication de ces événements pour rassurer les citoyens et les inciter à revenir en ville. 

Loïc Struys

Crédit photo : tous droits réservés