31 mai 2021
Les enfants ne pouvant pas aller au théâtre, c’est le théâtre qui ira à eux. Depuis quelques semaines et pour quelque temps encore, des artistes se produisent dans les neuf écoles primaires et maternelles de la Ville de Genappe. C’est une bulle d’air, un moment d’évasion, que le Centre Culturel propose à tous ces enfants.
Comme l’explique Cécile Voglaire, chargée de projets au Centre Culturel de Genappe, le "Théâtre à l’école", ce n’est pas quelque chose de nouveau ; « C’est une action qui est mise en place depuis très longtemps dans notre centre culturel. L’idée, c’est de proposer aux enfants qui sont scolarisés à Genappe de venir voir un spectacle par année scolaire. […] Le projet "Théâtre à l’école" est d’ailleurs présent dans de nombreux centres culturels. Chez nous, je dois dire qu’il y a une certaine confiance qui s’est installée avec les écoles. Tous les enfants viennent, à chaque fois. Ce n’est pas le cas dans toutes les communes qui participent au projet. ».
Cette année, covid en cause, l’organisation a été totalement chamboulée et pour le moins compliquée. C’était sans compter sur la détermination de l'équipe du numéro 38 de la rue de Bruxelles. « En général, on programme trois spectacles par an. Comme ça, tous les enfants ont la chance de pouvoir en voir un. On choisit un spectacle pour les petits de maternelle, un autre pour ceux qui sont en première et en deuxième, et un troisième pour les plus grands. Cette année, tout a été perturbé par le covid et on a dû s’adapter. […] Quand on a fait ce programme-ci, c’était un peu l’accalmie au niveau de la pandémie (en Belgique), on pensait que les enfants pourraient retourner au théâtre, mais ça n’a pas été le cas. On ne voulait pas abandonner, on a continué à reporter et reprogrammer les spectacles, encore et encore. À un moment, on s’est rendu à l’évidence et on a choisi d’aller directement dans les écoles. », indique Cécile. Au total, c’est donc 27 représentations qui sont jouées sur tout Genappe !
Pour des raisons techniques, ce n’est pas du théâtre, mais des concerts qui sont proposés dans les établissements scolaires. « Cette année, on a plutôt misé sur la musique, parce que ça s’adapte plus facilement à une cour d’école qu’un spectacle plus conventionnel. On a sélectionné des artistes régionaux comme Monsieur Nicolas, un artiste Genappien et Maya Levy, une violoniste du coin également. Il y a juste le groupe Ici Baba qui ne vient pas de la région. Il était programmé pour cette année et on essaye toujours de reporter et de ne pas annuler, car c’est une période très compliquée pour les artistes. On les a donc gardés. », nous confie-t-elle.
La programmation, même quand elle est faite au dernier moment, est toujours réfléchie. Ce sont des spectacles "faciles d’accès" pour les enfants, mais sans négliger la qualité. Cécile insiste sur ce point ; « La plupart des élèves ne vont jamais au théâtre en dehors de l’école. Je me dis qu’ils ne sont pas habitués et qu’ils ne maîtrisent pas toujours les codes. On essaye de trouver un spectacle dans lequel l’enfant peut rentrer facilement, qu’il puisse le comprendre et l’appréhender. ». En temps normal, après chaque représentation, les enfants peuvent noter dans un carnet ce qu’ils ont vu, compris, aimer ou pas.
« Aller au théâtre, c’est hyper complémentaire avec l’école. C’est apprendre autre chose et autrement. Ça raconte la vie, ça nous permet de réfléchir, de nous questionner. À partir d’un spectacle, un instituteur peut faire un cours, en tirer de la matière. On peut très bien faire de la philo sur le théâtre, par exemple. Je pense qu’on (le secteur de la culture) est des partenaires importants et essentiels de l'éducation. La culture permet d’apprendre des choses tout aussi élémentaires que l’enseignement classique », ajoute-elle.
Au-delà cette dimension pédagogique, ces représentations artistiques sont aussi un moment de ressourcement pour les enfants ; « Les professeurs que nous rencontrons sont heureux de voir leurs élèves s’amuser et bouger autant. Ils font la fête [rires] ! [...] Certains institeurs nous disent que des enfants font des crises d’angoisse, ont des plaques, à cause du climat anxiogène qui règne avec le covid. Le reste du temps on n’a pas beaucoup de retour. Mais le fait qu’ils viennent et qu’ils nous font confiance, je crois que ça veut dire qu’ils sont contents. C’est une bonne chose ! », nous raconte Cécile, un grand sourire dessiné sur le visage.
Lundi, c’est le groupe Ici Baba, avec leur spectacle "Les yeux ouverts", qui se produira dans les écoles de Baisy-Thy et de Ways. Ils termineront leur tournée ce mardi. Ensuite, ce sera le tour de Maya Levy. Monsieur Nicolas ayant déjà fait toutes ses représentations. Cécile et son collègue, Damien, accompagneront les artistes et les enfants, jusqu'au bout de cette aventure, afin que tout ce se passe de la meilleure des façons.
Guillaume Picalausa
Crédits Photos : Cécile Voglaire, Guillaume Picalausa
